24 heures, 25.06.2024 >
Pour avoir voulu construire un abri en toute légalité, un couple d’agriculteurs d’Ollon se retrouve dans un engrenage administratif sans issue. Le rigorisme de l’État n’est-il pas contre-productif?
Ruth et Onorio Petralia sont agriculteurs à Ollon et leur exploitation en bordure de village est à leur image: tout sauf conventionnelle. Ce n’est pas parce qu’ils ont désormais les cheveux blancs qu’ils entendent renoncer au travail de la terre, aux marchés où on les voit servir des tournées de vin bio du domaine en écoulant des préparations artisanales à base de plantes sauvages. Mais comme les milliers de paysans révoltés qui ont allumé des feux ce printemps, leur histoire illustre l’incommunicabilité entre deux mondes: la terre et son proverbial «bon sens» d’un côté, l’administration et son intraitable «loi» de l’autre.
Pour avoir voulu construire un abri de 15 m² en 2016, ils sont pris depuis cinq ans dans un engrenage kafkaïen: leur demande a attiré le regard des autorités cantonales sur leurs 2,5 hectares constellés de petites installations, montées naïvement au fil des ans, sans autorisation. Du «mitage», selon la loi sur l’aménagement du territoire et aucune dérogation ne peut être envisagée pour une exploitation où l’on pratique une agriculture considérée comme «non professionnelle». Exit donc la serre à salades, le tunnel à moutons, la pergola et même la piscine autoportée, posée à la belle saison sur un dallage préexistant. Les Petralia, qui n’ont pas les moyens de contester cette décision au Tribunal cantonal, devront tout démonter. Au péril de leur dernière utopie: vivre heureux dans la simplicité.
Alors que pour vivre heureux, il aurait mieux valu vivre caché. Qui se serait soucié d’un appentis fait de lambourdes en rase campagne, si le couple n’avait pris la peine d’informer l’administration? Ce n’est pas l’auteure de ces lignes qui le dit, mais un employé de l’État croisé par hasard en préparant cet article: coincés aux entournures par des règlements toujours plus étriqués, nombre d’agriculteurs (et pas mal de particuliers) se passent en toute connaissance de cause de procédures et s’octroient des petits arrangements avec l’aménagement du territoire, tandis que les autorités locales, rarement dupes, préfèrent fermer les yeux. Il n’y a aucune leçon à tirer de cette réalité, si ce n’est que le remède se révèle, comme souvent, pire que le mal. Mais face à la loi, le bon sens ne fait pas le poids.
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