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Brel, Bécaud, Aznavour…Un projet de dancing rappelle à Villars ses années «jet-set»

Photo du rédacteur: Olivier RobertOlivier Robert

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

06.03.2025, Karim Di Matteo, 24 heures >

Du beau monde a fait halte au Sporting dans les années 50 et 60. Retour sur une époque, alors que l’établissement pourrait retrouver sa vocation d’antan.

En bref:

  • Le Sporting était un lieu prisé des stars dans les années 50 et 60.

  • José Ciocca était l’âme de ce dancing, en y organisant des soirées prestigieuses.

  • Le lieu accueillait des artistes renommés comme Bécaud et Aznavour.

  • Un projet prévoit la destruction et la reconstruction du bâtiment emblématique.


Le Sporting de Villars redeviendra-t-il le point de chute de la jet-set des Alpes vaudoises, comme dans les années 50 et 60? Qui sait? Il est un peu tôt pour le dire, quand bien même un projet d’hôtel-restaurant-dancing est annoncé pour remplacer ce bâtiment, sis à la rue Centrale. Alors que la mise à l’enquête s’est conclue récemment, le nouveau propriétaire et son architecte jugent encore prématuré de s’exprimer sur les détails. Patience donc.


En attendant, on se plaît à rembobiner la pellicule. Une expression de circonstance quand on échange avec Michel Musy, 78 ans, ancien projectionniste de la station. «Le cinéma était juste à côté, alors quand j’avais fini, j’allais en boire un petit dernier au Sporting, se souvient le retraité de Chesières. C’était un lieu mythique. Costard-cravate obligatoire! Une élite venue du monde entier s’y retrouvait. Toute une époque.»


Sur la table de son salon, deux albums souvenirs attendent. Au milieu des cartes postales naturalistes et autres clichés d’époque de hauts lieux du plateau de Villars, l’une ou l’autre page est consacrée au Sporting. Les coupures de presse et reproductions de photos de ces années folles y fleurent bon la foule, les concerts, les scènes de fêtes, le champagne et les concours de Miss Villars.

En noir et blanc ou en couleurs, jeune ou plus âgé, on y retrouve forcément José Ciocca. C’est en 1951 que l’emblématique patron a ouvert le Sporting dans les locaux de la confiserie tea-room familiale. Le lieu est devenu un incontournable de la vie nocturne du Villars huppé des palaces et des dancings. «Au début, José Ciocca jouait lui-même au piano, raconte Michel Musy. Ensuite, il a engagé un pianiste qui est devenu duo, puis trio, puis quartet et quintet, jusqu’à programmer toutes les semaines des artistes, dont de très grands noms.»


Et notamment Gilbert Bécaud, que l’on voit signer le livre d’or de l’établissement dans l’un des albums. Le Français a fait halte au Sporting plusieurs fois. À son sujet, le syndic d’Ollon-Villars, Patrick Turrian, se souvient d’une anecdote que lui racontait son père, fiduciaire comme lui: «Un soir, au restaurant, il avait signé le contrat de l’année suivante sur une serviette de table!»


Pluie de stars

Gilbert Bécaud n’est de loin pas le seul monstre sacré à s’être produit à l’enseigne rose pétant du Sporting. José Ciocca s’enorgueillissait d’avoir accueilli Charles Trenet, Charles Aznavour, Carlos, Marcel Mouloudji, Raymond Devos, Juliette Gréco, des noms qu’il égraine dans une interview pour le documentaire de l’Office du tourisme «Villars, 100 ans d’altitude», que Michel Musy a conservé sur un DVD. En voix off, sur fond de clichés de toutes ces stars d’alors, il expliquait: «Ils aimaient bien venir au Sporting parce que c’était le bain de foule, ils étaient vraiment immergés dans les spectateurs.»


Dans un article du quotidien «La Presse Riviera-Chablais» de 2004, il ajoutait deux noms sur la prestigieuse liste: Joséphine Baker et Jacques Brel. «Elle est venue chanter à trois reprises. C’était à chaque fois un risque financier épouvantable», expliquait-il au sujet de l’artiste et résistante française d’origine américaine. «Elle m’a fait connaître dans le milieu artistique.»

Quant à l’interprète belge, passé à l’hiver 1964, Ciocca l’évoque en rappelant un repas d’anthologie au terme duquel «il voulait manger un morceau de fromage suisse. Nous avons causé métaphysique et politique jusqu’à 5 heures du matin. Ce Brel qui était communiste jusqu’au bout des ongles…»


Sur l’enregistrement de «Villars, 100 ans d’altitude», on entend encore l’ancien patron, décédé en 2011 à 80 ans, nourrir un peu plus la légende de son Sporting avec une anecdote royale. «Un soir, on avait organisé le concours de Miss Villars, avec projecteurs, piste, micro, lumières. Je dis: «Et voici, nous avons l’honneur de vous présenter la première concurrente…» et là, qui je vois arriver sur la piste? Le prince Rainier! Inutile de vous dire l’éclat de rire total et général. Je ne savais plus où me mettre! Il a rigolé et est allé s’asseoir à sa table.»

 
 
 

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