24 heures, 30.10.2024 >
Un bout de patrimoine du ski est sur le point d’être démantelé, 23 ans après la fermeture des installations. 16 pylônes sur 32 sont concernés.
Un peu par nostalgie, un peu par pragmatisme, les autorités de Château-d’Œx ont jusqu’ici joué la montre dans le dossier du démantèlement des installations de ski des Monts-Chevreuils, à l’arrêt depuis 2001. Mais la résistance favotaise ne pouvait durer éternellement.
«Au vu des coûts, nous n’en avions pas fait une priorité, admet le syndic Eric Grandjean. Mais la DGMR (ndlr: Direction générale de la mobilité et des routes) nous talonne et il faut avancer.» Pro Natura et WWF ont également maintenu la pression, notamment via des interventions de députés au Grand Conseil, pour rendre à la nature ce qui reste un paradis de la randonnée.
Dès lors, la Municipalité s’est résolue à lever la dernière opposition du Ski-Club des Monts-Chevreuils, déposée en avril 2021 lors de la mise à l’enquête du démantèlement. Les remontées mécaniques des Moulins devraient donc avoir disparu d’ici à 2025, moyennant le feu vert du Conseil communal ce jeudi soir pour le crédit de 110’000 francs.
Un secteur en sursis
Sauf que cette somme doit permettre de déposer les câbles, démonter les structures et détruire les socles de 16 des 32 pylônes qui permettaient de rallier le restaurant sommital à 1700 mètres (toujours en activité), ceux des secteurs 1 et 2.
Qu’en est-il des 16 du secteur numéro 3, le plus conséquent et coûteux, qui nécessitera vraisemblablement le recours à un hélicoptère? «Nous sommes en discussion avec le Parc naturel Gruyère Pays-d’Enhaut pour y réaliser un sentier didactique qui envisagerait de transformer les socles en lieux pour s’asseoir, explique le syndic. Cela diminuerait sensiblement la facture finale.»
Pour réduire un peu plus cette dernière, la DGMR avait déjà accepté que les volumes de terre à retirer autour et sous les socles soient réduits de moitié au chapitre «dépollution». «En outre, 50% du total sera subventionné par le canton», ajoute le municipal Pierre-François Mottier, qui a suivi le dossier.
Inéluctable
Le futur démontage n’en reste pas moins un crève-cœur pour le membre de l’Exécutif dont le grand-père fut le premier président de la société des remontées mécaniques des Monts-Chevreuils. «Je vois encore les photos de l’inauguration. C’est une partie de mon passé qui s’en va, un bout d’histoire locale qui s’estompe. Mais il ne faut pas rêver, on ne skiera plus là-bas.»
Xavier Feal, président du comité qui gère les intérêts du restaurant et ancien président du ski-club, s’est lui aussi fait une raison. «Au fil des ans, beaucoup ont admis, à voir les conditions actuelles, que cela aurait été sans queue ni tête de continuer.»
Eric Grandjean se souvient pour sa part avec émotion du jour où il a remis aux mêmes Monts-Chevreuils les médailles des championnats de Suisses de mars 1989 à Pirmin Zurbriggen (1er en super-G), Franz Heinzer, Peter Müller et Xavier Gigandet (vainqueur de la descente)… «C’étaient des pistes absolument géniales!, se souvient l’édile. C’est clairement une page qui se tourne.»
À l’époque, la neige faisait toutefois déjà méchamment défaut sur le bas des pistes. Quand la commune décida d’arrêter les frais après le énième déficit à éponger au début des années 2000, elle sonna le glas d’une exploitation débutée en 1945 et dont les trois téléskis avaient été renouvelés dans les années 1970. Ne restaient que les espoirs liés à l’aide du canton. Las, ce dernier mit un point final à l’aventure en 2015 en sortant le domaine de sa planification Alpes vaudoises 2020.
Cette information est disponible dans sa version originale ici.
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