Carré, rouge et chargé d’histoire: les secrets du drapeau suisse (rts)
- Olivier Robert
- 25 mai
- 3 min de lecture
swissinfo.ch, Zeno Zoccatelli (SWI), 25.05.2025 >
"Le drapeau suisse est un gros plus", dit une blague bien connue en Suisse alémanique. Mais le drapeau suisse présente d’autres particularités que celle de ressembler au signe mathématique de l’addition. Swissinfo.ch s'est intéressé à l'histoire de ce drapeau national atypique.

Seul drapeau national carré à l’exception de celui du Vatican, le drapeau suisse a l’avantage, par rapport à celui des États pontificaux, d’être plus polyvalent: quel que soit le côté utilisé comme base, il sera toujours dans le bon sens.
La croix suisse (techniquement une croix grecque) est aussi un symbole immédiatement reconnaissable et minimaliste, ce qui rend le passeport très populaire dans le monde du graphisme, en particulier s’agissant du Swiss style. Ce courant graphique, qui a acquis une renommée internationale dans les années 1950 et 1960, se caractérise par une concision formelle et une force conceptuelle.

Un premier drapeau officiel tricolore
Mais le drapeau helvétique aurait pu être tout autre. En 1798, sous la pression française, la Suisse devient la République helvétique. C’est à cette époque que le franc suisse, une monnaie unifiée, est introduit et que le pays adopte son premier drapeau officiel, un drapeau tricolore (bannières pour lesquelles Napoléon semble avoir eu un faible). Le drapeau helvétique avait alors les mêmes couleurs que le drapeau du Mali actuel: vert, rouge et jaune.

Mais cette tentative de faire de la Suisse un État unitaire a été de courte durée. Napoléon aurait lui-même déclaré: "La nature a fait votre État fédéral. Il n’est pas sage de ne pas l’accepter". Cinq ans seulement après sa création, la République helvétique disparaît donc et avec elle son drapeau tricolore – contrairement au franc, qui lui rencontrera un franc succès.
Un symbole né sur le champ de bataille
Il n’a pas fallu chercher bien loin pour adopter la croix blanche sur fond rouge. En effet, cette bannière existe (bien que dans des proportions différentes et jamais vraiment de façon officielle) depuis des siècles. La première utilisation attestée de la croix qui deviendra le symbole actuel de la Suisse remonte à 1339 et la bataille de Laupen, lorsque les troupes bernoises et confédérées, opposées à Fribourg et aux seigneurs féodaux des territoires bourguignons et habsbourgeois, cousent une croix blanche sur leur cotte de mailles afin de ne pas blesser – ou être blessés par – leurs propres alliés.
Selon le Dictionnaire historique de la Suisse, trois hypothèses sont avancées quant à l’origine de cette croix. Par ordre de plausibilité croissante:
De la légion thébaine et du culte de son chef, saint Maurice
Du drapeau de guerre du Saint Empire romain germanique
Des symboles de la Passion du Christ, particulièrement vénérés en Suisse centrale
La croix, souvent sur fond rouge (peut-être une référence au sang du Christ), se retrouve pendant plus d’un siècle sous diverses formes sur les armures et les bannières des soldats helvétiques, dans les troupes mixtes composées de soldats de différents cantons et dans les troupes de mercenaires. À la fin du Moyen Âge, cette coutume tombe en désuétude, mais la croix blanche sur fond rouge reste le symbole reconnu dans toute l’Europe de l’étrange et complexe système d’alliances entre 13 cantons connu sous le nom d’"Ancienne Confédération".
Cette information est reprise pour tout ou partie ci-dessus sur notre blog, mais vous pouvez la retrouver dans sa version originale et intégrale sur le site internet de swissinfo.
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